Réalisateur | Alex Garland |
Acteurs | Kirsten Dunst, Wagner Moura, Cailee Spaeny, Stephen McKinley Henderson, Nick Offerman, Sonoya Mizuno |
Genre | Action, Guerre/Historique |
Durée | 109 min |
Date de sortie | 17/04/2024 |
Après Ex Machina et Annihilation, le réalisateur Alex Garland revient avec Civil War et une Amérique en perdition. Voici notre critique du film, garantie sans spoilers.
À quelques mois de la prochaine élection présidentielle (5 novembre 2024), le réalisateur Alex Garland revient au genre qui l'a rendu célèbre pour dépeindre des États-Unis en pleine guerre intestine dans le bien nommé Civil War.
Une dystopie glaçante à hauteur de journalistes, qui revisite le film de guerre à la lumière d'une effrayante actualité. Voici notre critique, garantie sans spoilers.
Dans un futur proche, une équipe de journalistes voyage à travers les États-Unis pendant une Seconde Guerre civile qui a englouti le pays tout entier, opposant le gouvernement fédéral aux “forces occidentales” séparatistes dirigées par le Texas et la Californie.
En une décennie et une poignée de propositions fortes, de l'excellent Ex Machina au curieux Annihilation, en passant par la mini-série Devs, Alex Garland a su imposer son univers original, interrogeant notre rapport à notre humanité et la technologie. Deux ans après le thriller psychologique Men, le Britannique retrouve avec panache les territoires mouvants de l'anticipation pour disséquer l'Amérique de 2024.
Pour ce faire, Alex Garland développe son excitant postulat à travers les yeux de reporters de guerre, sorte de spectateurs actifs du conflit, n'appartenant à aucun camp, mais jamais loin des balles, au front mais à l'hôtel. Des protagonistes qui nourrissent une satire habile où l'horreur et le divertissement s'entrecroisent, interrogeant sur l'absurdité d'une Amérique et son sens macabre du spectacle.
Dotée d'un budget de 50 millions de dollars, cette première “grosse” production de la société A24, davantage habituée aux films arty (Hérédité, Uncut Gems, Everything Everywhere All at Once) entretient ici l'ADN du studio. Les visions d'horreur et de mises à mort sont ainsi entrecoupées de clichés esthétisants sur fond de bande-son entraînante. Un cocktail aussi dérangeant et malaisant que redoutablement efficace.
L'une des réussites de Civil War tient également à son casting. Outre les sympathiques Wagner Moura (Narcos) et Stephen McKinley Henderson (Dune), Kirsten Dunst prouve, dans le rôle de la désabusée Lee, qu'elle est toujours une actrice sur laquelle compter. Surtout, le film confirme la révélation Cailee Spaeny, déjà éblouissante dans le Priscilla de Sofia Coppola et prochainement à l'affiche d'Alien: Romulus.
À la manière de Willard et de son équipage dans Apocalypse Now (1979), l'équipe de journalistes fonce vers son colonel Kurtz, un Nick Offerman en Donald Trump revisité. On vous rassure, le parallèle s'arrête ici. Civil War préfère l'esthétique Instagram et les effets de style un peu superficiels au mysticisme du film de Francis Ford Coppola. Car le film laisse effectivement un petit goût d'inachevé.
Au rayon des déceptions, les personnages manquent cruellement de nuance et s'enfoncent finalement dans des rôles-fonctions peu intéressants. Les bonnes questions du début (la position des journalistes, l'identité américaine…) ne sont malheureusement que peu développées, laissant le spectateur boucher les trous thématiques béants. Alex Garland choisit ainsi d'enfermer son film dans la structure trop programmatique d'un road movie, faisant l'impasse sur la promesse ambitieuse de son sujet.
Rassurez-vous : malgré ces quelques bémols, Civil War est bien la (petite) claque annoncée. Le film s'impose à la fois comme une terrifiante dystopie et une expérience étonnamment proche du réel, autant qu'une radiographie de l'Amérique de Trump plus nécessaire que jamais, à une poignée de semaines d'un nouveau scrutin électoral. Glaçant.
Civil War sort au cinéma le 17 avril 2024.
Alex Garland signe avec Civil War un Apocalypse Now version 2024, sublimant une Amérique enfiévrée en pleine époque Trump, où l'image et l'information sont plus essentielles que jamais. Un film certes un brin superficiel, mais qui appuie là où ça fait mal.
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